PUNITION - SANCTION
SANCTIONS et PUNITIONS...
par Jacque Salomé
Article publié le mercredi 24 août 2005.
 
Quelques repères pour un langage commun.
 
- La sanction
 
C’est une réponse, de type privatif, à une transgression. Elle peut servir de référence éducative dans le sens où elle place l’enfant ou la personne devant sa propre autoresponsabilisation.
Exemple : C’est bien moi qui choisis de transgresser et donc de courir le risque d’une sanction. J’espère tirer un avantage ou du plaisir à transgresser, mais il y a un prix à payer à base de privation ou d’interdit, quand ma transgression sera découverte. Le jeu consistera pour beaucoup d’enfants transgresseurs... à ne pas se faire prendre !
Introduire une dynamique sanctionnante dans une structure ou un collectif suppose 4 conditions :
  L’existence d’une référence : loi-réglement-consensus.
  La connaissance d’une réponse de caractère privatif ou interdictif, adapté à l’importance de la transgression.
  Un garant connu (enseignant ou directeur) chargé de rappeler la loi et les conséquences d’une transgression.
  Une transgression volontaire (s’il y a méconnaissance de la loi, cela s’appelle une erreur).
 
- La punition
 
La punition est une sanction majorée par la subjectivité de celui qui la donne. C’est pour cela qu’elle est souvent vécue comme injuste. La punition est une réaction ( souvent émotionnelle) à un comportement perçu comme une transgression ou une faute. Souvent la punition sera prise- non pour réparer, mais pour accentuer la culpabilité ou servir d’exemple, ce qui explique qu’une punition est une sanction majorée.(<>)La punition est prise le plus souvent non en fonction de ce qui s’est passé, mais en fonction du retentisssement, de la résonnance chez celui qui découvre la transgression.
  Sanctionner c’est faire preuve d’autorité en confrontant l’enfant à la réalité qui l’entoure.
  Punir c’est faire preuve de pouvoir et de puissance, en plaçant l’enfant dans l’impuissance et la soumission.
 
Exemple de collusion entre sanction et punition.
 
Je m’appuie sur la situation de l’Ecole Jean Zay,à Chateauroux, où après avoir constaté la disparition de 300 fr dans le porte monnaie de deux éducateurs et devant le silence des enfants qui avaient été invités à restituer l’argent dérobé, un enseignant décide la fouille au corps de toute la classe. En m’appuyant non sur un plan légaliste ou juridique mais uniquement sur un plan relationnel, je constate :
Une situation en miroir :
a) Des élèves volent de l’argent (transgression d’une règle avec le désir de ne pas être pris ( plaisir facile)
b) Des adultes opèrent une fouille au corps (transgression d’un règlement) avec le désir de découvrir le coupable (résoudre un problème).
Il nous appartient ici de comprendre la situation en termes de succession de violences.....qui s’enchaînent les unes aux autres comme les morceaux d’un puzzle.
J’appelle violence toute décision, toute contrainte imposée à un individu contre sa volonté. Je vais commencer par la dernière, la plus visible, la plus médiatisée puisque les mas médias se sont emparées de l’affaire et qu’elle a été mentionnée à la télé et dans la plupart des quotidiens(fin 2001 et début 2002).
 
Violence 5 :
•visible et médiatisée, forte charge politique
•D’ adultes à adultes.
•L’inspection académique, devant l’émotion des parents ( et en periode sensible, pré électorale) décide la mise à pied de 3 adultes.
 
Violence 4 :
•visible, à forte charge émotionnelle
•D’ adultes à adultes.
•Des parents se sentent blessés par cette fouille au corps, sur leurs enfants, alertent les associations de parents d’éleves et portent plainte, considérant que leurs enfants ont subi un préjudice. Et cela d’autant plus, que la fouille n’ayant rien donne, qu’on n’a pas trouvé de coupables parmi eux, il y a un doute sur les responsables du vol (enfants, adultes, intérieur à l’école ou extérieur à l’école ?).
 
Violence 3 :
•visible, réactionnelle face à l’impuissance devant le silence des enfants qui n’avouent pas
•D’adultes ,enseignants, sur des enfants.
•Des adultes imposent une fouille au corps
 
Violence 2 :
•visible, réactionnelle
•D’enfants sur des adultes.
•Des enfants volent de l’argent- à des adultes qui travaillent avec eux dans une école.
 
Violence 1 :
•invisible, endémique
•D’adultes sur des enfants
•C’est une violence culturelle sur des enfants élevés dans l’ordre du désir,et non dans l’ordre des besoins- qui est la principale fonction parentale. Ces enfants là vont ressentir toute rencontre avec la réalité comme une agression tant la frustration vécue leur paraît insupportable, au point qu’ils y répondent par une violence défensive, protectrice, réactionnelle ( vols, passages à l’acte, transgressions, ....)
Autrement dit, il y a actuellement une violence de base, invisible, cachée, directe ou indirecte de la part d’adultes, d’un système sur des enfants, dont il n’est jamais question, qui n’est pas prise en compte, car nous sommes aveuglés par la violence visible. Si on a oublié d’apprendre à des parents qu’ils sont là pour répondre aux besoins des enfants et non à tous leurs désirs. S’ils ne savent résister aux demandes des enfants, baliser leurs attentes, les confronter très tôt à différents aspects nécessairement frustrant de la réalité, alors plus tard le prix à payer en sera très cher : violences physiques, dégradations, auto violence (drogue) dérapages sociaux, inadaptation à la vie collective.... Et face à tout cela la sanction risque de sembler périmée, insuffisante, il y a alors risque de recours à la punition, au tout sécuritaire....
 
Perspectives.
Nous constatons, c’est un lieu commun, que la famille, la societé de proximité à changé - nous pouvons le regretter, mais cela se passe comme cela. Les bases de l’éducation sociale ne sont plus transmises ni par la famille, ni par l’environnement immédiat (village, quartier, voisins).
Exemple : Je n’aurais pas pu rencontrer Marc Dutroux sur le chemin de l’école, quand j’étais enfant, car j’étais accompagné par le regard de quatre ou cinq voisins proches.
De même que la famille a changé, l’école de Jules Ferry doit muter. Elle ne peut plus se contenter de transmettre du savoir et du savoir faire, mais enseigner du savoir être, du savoir devenir et du savoir créer. Et ces trois derniers points passent par un apprentissage de la communication non violente.
Les enseignants peuvent se former pour
  devenir des enseignants relationnels et poser ainsi les bases d’une communication relationnelle non violente.
  pratiquer une pédagogie de l’implication en prise directe sur la vie d’aujourd’hui
  dynamiser les relations par la visualisations et la symbolisation.
  découvrir que poser une question, c’est prendre le risque de la réponse ou de la non réponse de l’autre.
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