Petit lexique
(extrait d'un Compte-rendu de conférence)
Laurent Gourvez & Fanny de La Haye
IUFM de Bretagne. Site de Saint-Brieuc
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Identifier un mot écrit, c’est retrouver en mémoire les mots qui correspondent aux configurations visuelles discrètes. Lorsque nous lisons, nous activons notre lexique mental, partie de la mémoire à long terme dans laquelle sont stockés tous les mots que nous connaissons (un adulte possède un lexique mental composé en moyenne de 20 000 à 40 000 mots. Descoeudres a montré qu’un enfant de 2 ans 9 mois connaît en moyenne 585 mots et qu’à 7 ans son lexique atteint déjà une moyenne de 2758 mots). A chaque mot de notre lexique mental peuvent être associées les informations qui lui sont propres : orthographiques, phonologiques, syntaxiques et sémantiques.
On peut alors se demander comment un lecteur expert identifie les mots écrits, comment il accède à son lexique mental ? Lorsqu’un lecteur rencontre un mot, deux possibilités s’offrent à lui : il peut utiliser une procédure orthographique ou une procédure phonologique.
Dans le premier cas, il accède au lexique mental par la voie directe ou lexicale et dans l’autre cas, par la voie indirecte ou non lexicale.
Voie directe
Quand le lecteur utilise la procédure orthographique, le mot est déjà connu car il a déjà été rencontré antérieurement. Le lecteur peut alors le reconnaître et on parle alors de reconnaissance des mots écrits. Le lecteur peut également connaître la signification de ce mot ; on parle alors d’identification des mots écrits. Dans ces deux cas, une adresse orthographique du mot existe dans son lexique mental et il parvient à l’identifier en retrouvant l’adresse : il peut alors reconnaître ou identifier directement le mot. Quand on utilise cette procédure, on parle aussi de procédure par adressage.
Voie indirecte
Dans le second cas, le lecteur utilise la procédure phonologique. Le mot n’est pas connu, il n’existe pas d’adresse orthographique dans le lexique mental du lecteur qui est alors obligé d’utiliser un autre processus : celui de la médiation (ou codage) phonologique.
Autrement dit, il est obligé de décomposer les mots en unités plus petites (graphèmes) et de les recoder sous forme orale. On parle alors de conversion graphèmes-phonèmes.
Lors de l’apprentissage explicite de la lecture, les lecteurs apprennent les règles de cette conversion.
Cette procédure est donc fréquemment utilisée par le lecteur débutant qui rencontre souvent des mots dont il ne possède pas de représentation orthographique dans son lexique mental.
Elle est également utilisée par les lecteurs experts confrontés à des mots peu fréquents ou des mots qu’ils n’ont jamais rencontrés auparavant. Quand on utilise cette procédure, on parle aussi de procédure d'identification par assemblage.
On peut distinguer différentes procédures indirectes :
1. Procédure syllabique ou synthétique
b a → ba
2. Procédure analogique
Ex : bougie → ça commence comme → bouche
3. Procédure contextuelle (calcul syntaxique)
Ex : Le petit …….. rouge → le petit chaperon rouge
Les recherches actuelles s’accordent sur le fait que les deux procédures, orthographique et phonologique, seraient utilisées par les lecteurs. Le modèle de la double voie de Coltheart (1978) associe les deux voies d’accès au lexique. On parle dans ce cas de « traitement en cascade », les deux procédures seraient automatiquement activées et la plus rapide des deux serait choisie. Autrement dit, la procédure orthographique ou par adressage serait utilisée quand les mots rencontrés sont fréquents ou connus du lecteur et à l’inverse la procédure phonologique ou par assemblage serait utilisée quand les mots rencontrés sont rares ou inconnus du lecteur.
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