Comment aider les élèves qui ont peu de mémoire de travail?
 
Cibles:
- Apprentis lecteurs  dont la mémoire de travail est saturée par le travail de décodage;
- Elèves dont la mémoire de travail semble  "déficitaire"
 
1/ Tenter de comprendre ce qui se joue;
2/ Pistes pédagogiques  @
 
1/De quoi parlons-nous?
 
Mémoire de travail (Mémoire à court terme): capacité de stockage de l’information utile verbale ou visuo-spatiale pendant un temps bref (quelques secondes à quelques minutes) + manipulation de l’information
 
     m Capacité de stockage temporaire de l’information fortement dépendante de l’âge;
     m Demande de l’effort et de l’attention;
     m Sujette à l’erreur lorsque la quantité d’information et la demande cognitive sont élevées (travailler dans le bruit : télévision);
     m Voie d’entrée dans la mémoire à long terme ;
 
La mémoire de travail est impliquée dans le raisonnement, la compréhension,  les apprentissages.
Elle est d’autant plus nécessaire que les procédures ne sont pas encore automatisées
 
Comment les repérer?
 
Ils ne peuvent reconstituer un mots après avoir décodé deux ou trois syllabes;
Ils ne peuvent reconstituer un pseudo-mot après avoir décodé deux ou trois syllabes;
Ils ne peuvent répéter une phrase;
 
Attention: d'autres causes peuvent expliquer ces difficultés, en particulier
 
     m des représentations alternatives de la lecture,  contre-productives. Ces représentations peuvent être involontairement renforcées par le maître (obstacle didactique) quand il se contente d'une syllabation sans exiger la reconstitution des mots et leur identification. La restitution d'un mot  nécessite la mobilisation de ressources  et  l'engagement "procédural" du "lecteur" qui doit décoder dans l'intention de restituer (sa mémoire sensorielle acoustique très vulnérable est  facilement altérée par le matériel verbal qui suit ; il doit stocker des "syllabes" tout en continuant à assembler, retrouver un ordre séquentiel; procéder à une répétition silencieuse, récupérer des informations voire reconstruire des traces phonologiques incomplètes!)
     m un lexique mental insuffisant: l'identification d'un mot est liée au stock de mots disponibles en mémoire: pour identifier un mot, il faut associer une forme orale décodée à une forme orale stockée en mémoire. Si celle-ci n'existe pas, la reconstruction du mot est plus difficile
exemple de l'anecdote de l'abricot  (tous les enseignants de cycle 2 en ont fait l'expérience): Le mot "abricot" est syllabé "A + BRI + COT" puis restitué "HARICOT" qui est la forme orale reconnue la plus proche.
 
La mémoire de travail  se mesure:
- mémoire phonologique:
     m empan de chiffres : 7 5 6 4  g 7 5 4 6
     m rappel de mots : bille - sac - botte g  bille - sac - botte
     m rappel de pseudo-mots: bi    spec  g  tal     bi pse cal
- mémoire visuo-spatiale:
     m Rappel de motifs (quadrillages)
     m Blocs de Corsi
- mémoire de travail :
     m rappel de chiffres à l'envers (7 - 5 - 4 - 6  g 6 - 4 - 5 - 7)
Le nombre de chiffres restitués varie avec l'âge (maxi: 7 environ)
 
 u Contacter le psychologue scolaire (Wisc)
 


2/ Comment les aider?
 
1/ En veillant à ne pas mettre en place d'obstacle didactique
    Lire ce n'est pas syllaber ; c'est restituer un mot pour l'identifier .
 
2/ En développant l'accès à la voie d'adressage, moins coûteuse en "mémoire de travail"  (voir ici) mais qui ne sera réellement opérationnellle qu'une fois le lexique orthographique constitué;
 
3/ En écrivant beaucoup (transcription et production) et en développant le lexique orthographique;
 
4/ En entraînant la mémoire phonologique:
 
     m Jeux phonologiques: certains élèves ne savent pas qu'il faut focaliser leur attention auditive et sélectionner , pour réaliser la tâche demandée , les informations pertinentes parmi toutes les informations sonores à traiter : on pourra se référer au livre de Françoise Estienne: 185 exercices pour les dyslexiques (je l'ai testé, il donne des résultats  pour certains élèves): il s'agit ici de travailler sur la discrimination auditive et sur les capacités attentionnelles. Voir aussi ici;
     m Epellation systématique de mots écrits (favorise la mémorisation des CGP et la mémoire de travail)
     m Amélioration de la conscience phonologique dès la GS et exercice de l'analyse phonémique (transcrire des mots, des phrases)
     m Il y a une corrélation entre étendue du vocabulaire et capacité de mémoire phonologique ( logatome : « boulimandon » ): enrichir le  lexique oral: dénommer rapidement des objets, des couleurs, des formes, ... ;
     m en reconstituant des mots écrits à partir d'une image: voir les MOTS'PUZZLES: ici,  ici et ici
     m en lisant pour identifier des mots: diaporama des mots longs : ici ; lecture de mots imagés: ici et ici
 

5/ En compensant un déficit de mémoire de travail:
 
Il s'agit d'alléger le stock phonologique:
 
     m Réduire le nombre d’unités à mémoriser temporairement ; faciliter la tâche cognitive complexe (décodage couleur)
 
Le loup vora le petit Chaperon Rouge.
 
voir ici
Nombreux contenus proposés avec une aide colorée dans le site
 
Attention: la segmentation des mots proposée ici est une segmentation "écrite" destinée à faciliter la mise en mémoire. La segmentation orale proposée par Ouzoulias dans MACLE me semble moins adaptée pour cette problématique. (syllabes trop longues et donc difficilement mémorisables)
 
     m S’appuyer sur les ressources en mémoire à long terme
- Le sens des petits mots : les morphèmes (mots dans les mots comme jour dans bonjour, voi dans voient, ...)
- Reconnaissance instantanée des mots outils  (voir ici   et ici)
- La connaissance à l’oral de la structure des phrases
- Lire des mots imageables (ici et ici)
 
     m Favoriser le contrôle exécutif
- Réduire les distracteurs : placer à l’avant de la classe, segmenter les consignes et les tâches;
- Favoriser les processus cognitifs les moins coûteux : stimuler la voie lexicale directe, même si la CGP n’est complètement maîtrisée
-Soigner l’estime de soi (mesurer ses progrès: un exemple ici)
- Intentionnaliser les lectures pour engager la pensée de l'élève: lire pour identifier un mot (lire des mots imageables: voir ici,ici, ici, etc... ) , comprendre une phrase, réaliser une action, ....(nombreux contenus dans le site instit90)  
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Ecouter pour comprendre ... Comprendre pour agir.
création : Novembre 2010 , premier jour de neige à Belfort
Erreurs, suggestions, avis, ....
(*) commentaire(s)
création: décembre 2010
Je n'invente rien, je lis, je cherche, je tente de mettre en lien et d'opérationnaliser , ... j'espère trouver les moyens d'aider un peu. Si vous avez le sentiment d'un oubli important, si vous constatez une erreur... contactez-moi.
 
Sources :
 
Laurent Gourvez & Fanny de La Haye
IUFM de Bretagne. Site de Saint-Brieuc
 
Centre Référent des troubles du langage
CHU L’Archet II NICE
Mme Agnès Szikora / Aynaud
 
Marie-Noëlle Metz-Lutz
Laboratoire d’Imagerie et Neurosciences Cognitives
FRE 3259 CNRS/ Université de Strasbourg
 
Aude BALLOT
Neuropsychologue
Centre de Référence des Troubles des Apprentissages du Langage
 
Observations diagnostiques:
- CM1-CM2: reperdys.com
- Odedys: http://www.cognisciences.com/article.php3?id_article=37