Devenir élève ... ou l 'intérêt des
cartes mentales
Pourquoi des cartes mentales à l'école élémentaire ?
Quel enseignant n'a pas constaté ces regards vides, ces stratégies d'évitement qui permettent à l'élève en difficulté de repousser le plus longtemps possible ce moment si douloureux où il est confronté à son impuissance...
Je me souviens de Lucas qui mettait des heures à écrire la date et le titre, de Mélanie qui passait son temps à recopier jusqu'au bout ses "exercices à trous" dans l'espoir de ne pas avoir à les remplir, ou encore de Céline qui faisait de magnifiques dessins en guise de schématisation d'une situation problème...
Je pense enfin à B. qui copiait tout sur son voisin, de peur d'avoir "faux" et de décevoir ses parents... S'il vous plait, ne lui dites plus qu'il triche ! Évitons les jugements moraux et tentons plutôt de lui donner les outils qui lui permettront de faire l'expérience de la réussite, ...
Devenir élève, une expression tellement banalisée qu'elle ne veut pas dire grand chose... Pour moi, ici et maintenant, devenir élève, c'est mettre en oeuvre sa pensée au service de la réalisation de la tâche scolaire, c'est appréhender ce qui se joue en classe , c'est faire des liens entre les apprentissages, c'est accepter de se tromper, ...
Il y a mille et une raisons qui empêchent un enfant de devenir élève, certaines tellement profondes qu'elles ne sont pas de notre compétence... On les devine, nous alertons.
L'enseignant soucieux de ces problématiques essaie de créer les conditions favorables à l'émergence de l'élève attendu: clarté cognitive et enseignement explicite de la mise en lien des compétences, sens et pédagogie de projet , place du langage, connaissance du résultat et auto-évaluation, outillage procédural cherchant à répondre à la question du "comment faire?" , proposition de tâches complexes adaptées, ...
Je m'intéresse ici aux cartes mentales, une pratique susceptible d'aider des élèves en difficulté scolaire, de l'enfant dyslexique qui y trouvera une synthèse ne débordant pas de mots écrits, à l'élève incapable de se représenter l'objet d'apprentissage et ne sachant quoi mettre en oeuvre pour réussir!
Un discours oral et même un texte écrit présentent souvent un niveau d'abstraction trop élevé pour mes élèves en difficulté... Ils nécessitent une évocation dont ils ne sont pas encore capables. Inutile de préciser que le problème est encore accentué quand la synthèse est tirée directement du Web, sans appui sur la construction réalisée en classe.
Cette représentation visuelle, schématique, organisée du savoir doit aider ces élèves à se construire une représentation mentale de ce qu'il y a à apprendre, à retenir... Elle permet, et c'est là son atout majeur, d'outiller les élèves en matière de procédures et de cheminement de la pensée: comment faire pour réaliser la tâche demandée?
Mais vous le savez, aucune solution n'est parfaite... et les cartes mentales présentent aussi leurs propres limites: en enseignant (en imposant) des procédures, nous prenons aussi le risque de créer la confusion pour ceux qui avaient construit efficacement leurs propres outils , de formater la pensée de nos élèves... On trouve là aussi les limites de la pédagogie "explicite".
Je vous livre ici deux premiers exemples, sans doute imparfaits ... de cartes mentales réalisées avec des élèves en grande difficulté. J'y a ajouté chaque fois un exercice permettant de s'exercer au cheminement proposé ... Chacun de ces exercices comporte une part de complexité (< implexité), ingrédient de mon point de vue nécessaire pour espérer un transfert (mais c'est un autre sujet)...